Philippe Dessauny, Exploitation 1996
En ce mois de juin, les étudiants de 2ème passent leur examen et notamment leur oral d’EPS (Épreuve Professionnelle de Synthèse). C’est à cette occasion que BAM était parti à la rencontre de Philippe Dessauny, ancien étudiant en Exploitation et qui a réalisé le plateau d’un groupe d’étudiants.
Bonjour, peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Philippe Dessauny et je suis sorti du BTS Exploitation en 1996. Je suis actuellement réalisateur pour Ericsson Broadcast Service France et suis en poste depuis 15 ans chez notre client Public Sénat.
A ma sortie du BTS, j’ai recontacté l’entreprise AB Productions où j’avais effectué mon stage de 2ème année. Libéré des obligations militaires (à l’époque cela existait encore) j’ai pu intégrer AB dès septembre en tant que préparateur des équipements plateau (pour des productions en directs ou enregistrées) ainsi que des unités de tournage extérieur. Au bout de 2 ans j’ai commencé le travail en régie à différent poste : magnéto, synthé, truquiste.
En septembre 2000 je rejoins l’équipe constituée par VCF Thématiques pour leur nouveau client Public Sénat. C’est d’ailleurs grâce à un collègue de promo que j’ai pu accéder à ce poste : Loïc Le Roux. C’est le premier site de production opéré par VCF Thématiques, la chaîne a été crée quelque mois plus tôt. Nous devions être capable d’opérer différent postes : magnéto, synthé, réal, vision. Néanmoins très rapidement je me suis spécialisé dans le synthé, tout en gardant déjà un œil sur la réalisation plateau. Ce furent des années très riches car tout était à créer et participer au lancement d’une chaîne est vraiment excitant. Depuis 2006 je suis réalisateur à plein temps.
En quoi consiste le métier de réalisateur ?
Le métier est multiple.
La mission de base est de mettre la bonne image à l’antenne au bon moment ! Public Sénat est une chaîne de journaliste, l’objectif est avant tout de rendre leur travail à l’antenne. La réalisation des débats et des journaux doit tenir compte des choix éditoriaux qui sont parfois prioritaire à l’esthétique.
Il y a aussi un aspect très technique car le métier de réal est fusionné avec celui de truquiste. C’est une vrai contrainte dans le traitement de la réalisation. Il faut créer des configurations mélangeurs afin d’avoir un workflow de trucage le plus simplifié possible mais aussi avec de la souplesse pour pouvoir s’adapter aux demandes du jour.
Il faut aussi coordonner les équipes techniques dans le cadre du tournage.
Enfin lors de la création de nouvelles émissions ou dans le cadre d’émissions spéciales (type soirées électorales) ou encore de changement de décor mon travail débute plusieurs semaines en amont en collaboration avec les différents corps de métier : l’ensemble des directions (édition, antenne, production et technique), décorateur, concepteur de l’habillage, directeur photo…
Parlons un peu de toi maintenant. Tu es resté proche du BTS et tu réalises depuis plusieurs années des plateaux avec les étudiants dans le cadre des EPS. Quel est ton rôle avec les étudiants ?
Venir pour les EPS c’est prendre un bain de jouvence !
Il y a souvent une belle énergie et un véritable enthousiaste que l’on ne retrouve pas si souvent dans le milieu professionnel. Aussi on arrive avec un œil extérieur sur le projet. Les étudiants sont parfois un peu dans l’émotion, ils consacrent beaucoup de temps et d’énergie à leur épreuve et n’osent pas remettre en cause certains choix.
Mais le vrai plaisir lors des EPS c’est la transmission. Ils sont techniquement au point mais ils manquent parfois de méthode, c’est vraiment sympa de leur montrer quelques petits trucs pour leur permettre d’être plus efficace.
Il faut être patient et être capable de les rassurer, mais aussi ferme et sûr de ses décisions. Enfin je sens une certaine attente de leur vis à vis de mon travail au moment du tournage, j’ai donc une petite pointe de stress qu’il faut vite masquer.
Tu es aussi présent chaque année aux Journées Portes Ouvertes du BTS, tu étais membre de BAM 1ère version, tu es l’un des premiers membres de BAM 2ème version. Pourquoi un tel engagement auprès de l’association et du BTS ?
Je considère que je dois beaucoup au BTS, c’est ma manière de renvoyer l’ascenseur. Il n’y avait aucune association d’anciens à l’époque, pas de journée portes ouvertes. Jj’ai choisi mon option un peu au hasard et j’aurai été bien content d’avoir du monde pour me guider. Aussi j’espère vraiment que le BTS fera appel à BAM pour des interventions en classe, par exemple sur les statuts d’intermittents ou bien sur les orientations technologiques du secteur.
Faisons un saut dans le passé. Tu es sorti du BTS en 1996. C’était comment à l’époque ?
Les locaux étaient plus modeste, seul le bâtiment gris à gauche du lycée existait. Ce qui voulait dire un seul plateau, une seule régie, pas d’auditorium pour le son juste une salle de mixage, l’informatique commençait à arriver mais pas de montage Avid, seuls quelques ProTools. Ma classe d’exploitants a inauguré les tournages multicaméras en extérieur. Nous devions démonter tous les éléments depuis la régie (la petit régie celle avec la kayak) le vendredi après midi et tout emballer dans des cartons ! C’est à cette occasion que j’ai effectué ma première réal.
Ça fait vraiment ancien combattant !
En dehors des cours “classiques” nous avions une très grande autonomie et liberté, lors de mes visites au BTS je n’ai pas l’impression que malgré les années l’ambiance soit vraiment différente.
Merci Philippe d’avoir répondu à nos questions.
Interview réalisée par Romain en avril 2016.